Le résultat est sans appel et fait déjà la Une des médias internationaux: 67% des Suisses ne veulent pas une semaine supplémentaire de vacances. La nouvelle fait sourire et parait de prime abord assez anecdotique mais elle illustre, en fait, un des traits majeurs de la démocratie directe à la suisse.
Une écrasante majorité du peuple a donc dit "non" à la proposition de la centrale syndicale Travail.Suisse qui voulait faire entrer dans la constitution que chaque Suisse avait droit à au moins six semaines de vacances. Le peuple a donc suivit majoritairement l'argumentaire d'Economie Suisse, l'organisation patronale helvète, qui voyait dans l'initiative un moyen de gruger la compétitivité du pays. La Suisse est en effet le pays européen où les travailleurs prennent le moins de congé. Selon Economie Suisse, l'augmentation de la masse salariale totale, si l'initiative avait été adoptée, se serait chiffrée à 6,7 milliards de francs (5,6 milliards d'euros).
Une rationalité étonnante
Parmi les politologues que j'ai rencontré durant mon reportage, nombreux sont ceux qui, dans les désavantages de la démocratie directe, pointaient le danger de faire appel à "l'irrationalité du peuple". Selon Pascal Delwit, par exemple, les systèmes référendaires, en donnant trop la parole au peuple, réduiraient la possibilité de faire passer des mesures impopulaires mais pourtant nécessaires. La logique voudrait en effet que le peuple soit massivement contre des augmentations d'impôts ou de temps de travail.
Les Suisses l'ont montré hier, ce n'est apparemment pas le cas. La démocratie directe, en tout cas en suisse, fait donc preuve d'une rationalité étonnante où, en temps de crise, la compétitivité des entreprises passe avant les vacances de tout un peuple...