dimanche 29 mai 2011

Régler des problèmes linguistiques par la démocratie directe: récit storifié



mardi 24 mai 2011

La langue commune des suisses: la démocratie directe

L'expression est d'Yves Nidegger, conseiller national UDC. Lors de notre entretien d'avril dernier il avait résumé un opinion très répandue en Suisse: "Chez nous, on parle Allemand, Français, Italien ou Romanche. On ne peut pas fonder notre identité sur une langue ou une culture commune. Le seul point de ralliement c'est les valeurs politiques suisses: la neutralité, le fédéralisme et la démocratie directe"

Cette idée se confirme dans le marketing politique de l'UDC. Le parti conservateur, attaché aux traditions suisses, sait, en effet, comment rallier le plus grand nombre à ses thèses. Alors quand il organise un meeting, il ne parle pas de réunion, de rassemblement ou de manifestation mais de... landsgemeinde.

Radicalisme et immigration: l'UDC persiste et signe

L'UDC, le parti le plus à droite de suisse, est en campagne et s'apprête à déposer une nouvelle initiative contre les immigrés. Tous les ressortissants étrangers sont visés par le texte. Les accords bilatéraux avec l'UE sont une fois de plus remis en cause. 

A la veille de nouvelles élections, les mécanismes de la démocratie directe permettent aux partis politiques de donner plus d'ampleur à leur campagne électorale. Il y a quelques semaines, c'était le parti démocrate chrétien (PDC) qui mobilisait les procédures d'initiative populaire pour donner plus de résonance à ses idées. Aujourd'hui, c'est au tour de l'union démocratique du centre de faire usage de la recette. Pour le PDC l'utilisation de pareil subterfuge est extrêmement rare (trois fois en 163 ans), on ne peut pas en dire autant pour l'UDC. 

Rétro-actes: automne 2007, la confédération helvétique organise pour la 48e fois des élections fédérales afin de renouveler son gouvernement et son parlement national. Depuis des mois, la campagne fait rage entre les partis. L'un d'eux, pourtant, a réussi à s'encrer profondément sur le champ médiatique et à définir à l'avance les sujets sur lesquels portera la campagne électorale: l'UDC. La recette est simple pour celui qu'on appelle encore "le parti agrarien", il s'agit de labourer l'espace médiatique avec des messages simples et facile à comprendre: "dehors les étrangers", "à bas le péril musulman", etc. Grâce à une communication agressive qui cherchait sciemment à choquer, l'UDC était partout (souvenez-vous de ces fameux moutons noirs). Et quand l'attention publique diminuait, il suffisait à Christoph Blöcher (héros du renouveau du parti) d'annoncer que son parti lançait ou soutenait une initiative pour l'expulsion des étrangers ou contre la construction des minarets (il s'agissait alors d'effet d'annonce car les textes de ces deux initiatives seront déposés à la chancellerie quelques années plus tard). 

Quoi qu'il en soit, qu'il s'agisse ou non d'une manoeuvre politicienne, détaillons le contenu de la proposition qu'a formulé l'UDC ce 23 mai. 
« La Suisse a perdu le contrôle de l'immigration. L'afflux d'immigrants en Suisse ne cesse de croître et la Suisse n'a aucun moyen de maîtriser et de limiter efficacement l'immigration. Cette situation s'explique par la libre circulation des personnes avec l'UE, l'ouverture des frontières et les problèmes persistants de l'asile. Les conséquences négatives de cette immigration sans borne sont de plus en plus perceptibles. Il est grand temps que la Suisse retrouve les moyens de maîtriser l'immigration et de limiter le flot d'étrangers arrivant dans le pays. La direction de l'UDC propose donc (...) de lancer une "initiative populaire pour la limitation". (communiqué de presse de l'UDC) »
Pour lutter contre cet "afflux massif", l'UDC veut proposer au peuple de mettre en place des quotats annuels en fonction des besoins économiques du pays. Dans le but de "limiter et trier l'immigration", Toni Brunner, le président du parti, prône donc un système déjà d'application au Canada, où les requérants à l'asile sont sélectionnés en fonction des "points" qu'ils accumulent s'ils ont un travail et des ressources jugées suffisantes. L'union démocratique du centre estime aussi que le séjour durable, le regroupement familial et le droit à l'aide sociale ne doivent plus être considérés comme allant de soit pour tous les migrants. De plus, la proposition prévoit d'imposer aux employeurs de donner la priorité aux Suisses quand ils embauchent.

L'UDC ratisse large et entend donc apporter une réponse à la pression démographique, critique dans certaines villes Suisses. Rappelons tout de même que le pays connait le plus petit taux de chômage d'Europe et que, à cause du manque de formation, certains services sont assurés par un très large contingent d'étrangers (dans les hôpitaux suisses, par exemple, une bonne partie des infirmières viennent de France ou du Canada). Par ailleurs, Travail.Suisse, la plate forme qui regroupe les associations de travailleurs en Suisse, vient de publier une étude sur la de main d'oeuvre dans le pays. Selon elle, même si l'immigration reste soutenue,  400 000 postes seront vacants dans la confédération, en 2030.


Dans les rangs du parti agrarien, on tente donc de focaliser le débat sur l'immigration et on en rajoute une couche. Car, si l'initiative populaire inquiète en Suisse et chez ses voisins c'est parce qu'elle ne fait aucune distinction entre étrangers Européens et non-Européens. Les Européens et plus particulièrement les frontaliers sont donc visés par ces mesures au même titre que les migrants hors Union. Pour l'UDC, si cette initiative passe, il faudra obligatoirement revoir les traités qui ont fait entrer la Suisse dans l'espace Schengen. Une perspective qui inquiète les autres partis qui mesurent chaque jour les avantages économiques apportés par les accords bilatéraux.

Le texte de l'UDC rassemble donc tous les ingrédients qui ont fait le succès du parti: lutte contre l'immigration et défense de l'autonomie Suisse. Des arguments de campagnes qui lui ont été récemment subtilisés par Ecopop qui propose une réduction annuelle de 0,2% de l'immigration.  Le parti de Christoph Blöcher se devait donc de reprendre l'initiative et de surenchérir en passant. La proposition sera finalisée samedi pour partir à la récolte des signatures le plus vite possible.

Update: la proposition a été finalisée aujourd'hui. Vidéo:


jeudi 19 mai 2011

Bientôt de la démocratie directe dans l'Union Européenne

Il aura fallut un congrès des syndicats européens et un appui des organisations syndicales suisses pour nous le rappeler: dans un peu moins d'un an, des procédures de démocratie participative verront le jour au sein de l'Union Européenne.

Les syndicats européens comptent d'ailleurs en faire usage dès avril 2012. Conseillés par leurs collègues helvètes, les représentants des travailleurs vont soutenir une initiative citoyenne européenne contre le dumping salarial en Europe.

Une initiative citoyenne européenne? 
L'initiative citoyenne européenne (dites ICE) est un mécanisme prévu par le traité de Lisbonne dans le but de rapprocher les institutions et le peuple. En s'inspirant du modèle Suisse, l'ICE prévoit de permettre aux citoyens des différents Etats membres de formuler une proposition de loi à la Commission.

Comme en Suisse, le comité qui portera une initiative devra récolter des signatures. A vrai dire, c'est là que la comparaison s'arrête. En effet, dès la création de la pétition, les deux modèles divergent significativement.

Première différence avec les institutions suisses, le nombre de signatures à rassembler est bien plus élevé. Pour qu'une ICE soit prise en compte par la Commission, il faudra en effet un million de personnes qui la soutiennent dans au moins sept pays de l'Union. Ce système est assorti de quotas à respecter. En effet, le nombre de signatures à récolter dans chaque Etat membre sera calculé en fonction du nombre d'euro-députés que compte ce pays au parlement. Par contre, pour faciliter la procédure, le million de paraphes pourra être recueilli grâce à Internet.

Mais les différences ne s'arrêtent pas là. Les règles d'examen de la proposition sont plus stricte qu'en Suisse. Une initiative pourra en effet être repoussée si ses promoteurs n'ont pas démontré que le projet est viable économiquement.

Enfin, si, en Suisse, une initiative qui répond aux critères donne obligatoirement lieu à une votation pour décider si la proposition sera intégrée à la constitution, le mécanisme européen, lui, permet tout au plus que la Commission se penche sur le texte proposé et formule... ses conclusions. L'initiative législative reste donc bien dans les mains de la Commission, tout au plus pourra-t-elle s'inspirer des idées de ses citoyens.

vendredi 13 mai 2011

Une carte du premier tournage

Voici une carte interactive qui reprend nos déplacements lors du premier tournage du webdocumentaire. Vous y trouverez une bonne partie des lieux que nous avons visités lors de cette première semaine intense et passionnant, pleine de rencontres, de découvertes et d'étonnements.



Afficher Carte du premier tournage sur une carte plus grande

mercredi 11 mai 2011

Et avec quelques jours de retard de plus...



Comme je m'en veux de ne pas vous avoir fait partager cette nouvelle. Comme j'ai été égoïste de garder tout ça pour moi! 

Cuisine Interne, le webdocumentaire de Myriam Leroy, Fabrice Lambert, Nicolas Rymen et Joan Roels (que j'avais interviewé pour réaliser cet article) est sorti depuis bientôt une semaine! Le webdoc est particulièrement prenant, l'interface est de très grande facture (malgré un bug minime) et le contenu vaut son pesant de cacahuète. A découvrir de toute urgence ici.

dimanche 8 mai 2011

La démocratie directe est partout

En Suisse, à chaque époque de l'année, des affiches comme celles-ci fleurissent sur les placards publics ou les tramways. Ici, le coin d'une rue à Genève, en avril dernier. 

Deux initiative «pour les familles», ou comment utiliser la démocratie directe comme instrument de campagne

Le PDC, le parti démocrate chrétien, était réuni en assemblée extraordinaire samedi matin. Les élections fédérales se profilent à l’horizon et le parti annonce son principal argument de campagne : défendre les familles. 
C’est devant un public électrique que Christophe Darbellay, le président du PDC, a lancé la campagne de son parti en vue des élections fédérales d’octobre. Et pour faire parler de son programme , quoi de mieux que d’utiliser les instruments mis à la disposition de tous par les institutions démocratiques suisses? Le PDC lance donc deux initiatives populaires avec le projet d’améliorer le sort des familles suisses. 
La première initiative s’intitule «Aider les familles!». Elle part du constat que les allocations versées aux familles nombreuses sont soumises aux impôts. Ces aides augmentent donc les montants payés à l’Etat par les pères et les mères de familles. Pour régler ce problème, le PDC propose de retirer de la liste des revenus imposables les allocations pour enfants et de formation professionnelle. 
La deuxième initiative réuni les mêmes ingrédients (famille, impôts, etc.). Selon le PDC, un couple marié est plus taxé et doit payer des assurances sociales plus élevées qu’un célibataire ou que des concubins. L’initiative «Pour le couple et la famille - Non à la pénalisation du mariage» veut donc proposer au peuple de se prononcer sur une diminution des obligations fiscales des couples mariés. 
Au terme de ce congrès, les militants enthousiastes ont été renvoyés chez eux avec la mission de sillonner la Suisse munis d’un papier et d’un stylo afin de récolter les 100 000 signatures nécessaires au dépôt officiel de l’initiative. Notons que l’évènement est historique: ce n’est que la troisième fois en cent ans d’existence que le parti chrétien utilise les mécanismes de démocratie directe.
 

lundi 2 mai 2011

Première semaine de tournage: check!

Ca y est, nous sommes revenus de notre premier tournage au pays de Guillaume Tell! Je peux déjà vous annoncer sans trop m'avancer que les rencontres furent nombreuses et instructives. Ce cher Colas De Maubeuge a même capturé de son oeil électronique les images que vous retrouverez bientôt dans notre webdoc. 

En attendant de les découvrir, je vous laisse avec ce cliché pris hier matin à Appenzell, où les habitants s'étaient réunis, comme chaque année à la même époque, pour voter leurs lois et réélire leur gouvernement cantonal à main levée. Une institution de démocratie très directe,  mélangeant savamment politique et tradition, maintenue en vie par des milliers d'Appenzellois depuis 1403. 
La landsgemeinde d'Appenzell